Cinq Mokassiens nous racontent leur quotidien pendant le confinement. Entre travail à distance, école à la maison, frontliners et famille à nourrir, ce n’est pas toujours évident. Heureusement qu’ils ne manquent pas d’idées pour un confinement (presque) parfait !

Annick Retourné

Annick Retourné et sa fille de 10 ans sont confinées au premier étage de leur maison depuis le 18 mars dernier. Pas une sortie n’est permise – même pas dans le jardin – puisque Jérôme, l’époux d’Annick, est un agent de police et il utilise le rez-de-chaussée pour décontaminer ses effets personnels. « Nous sommes doublement confinées, avoue Annick, et notre fille a des baisses de moral parce qu’il est difficile pour elle de maintenir une distance avec son père ».

Annick est enseignante d’une classe de Quatrième, et elle a proposé à ses élèves de donner des cours sur Zoom tous les matins. « Les parents montrent beaucoup d’engagement, dit-elle. C’est une autre approche, et ça me plaît puisque c’est aussi un moyen de socialiser pendant le confinement ». Annick est optimiste : malgré les conditions difficiles, elle profite de ce temps de pause pour se retrouver en famille, passer du temps avec sa fille, retourner à l’essentiel. « Cette crise nous encourage à penser avant tout au bien-être de l’autre. On comprend mieux l’importance du lien familial sans la pollution de la routine. […] On se rend aussi compte de la fragilité de la vie, et de l’importance de la solidarité. Grâce à notre groupe d’entraide sur WhatsApp, j’ai appris à connaître mes voisins et les gens démunis près de chez nous. Mon mari participe également à des initiatives sociales. Pour moi, il y a beaucoup de positif à tirer de cette expérience ».

Nicolas Mathieu

Nicolas et sa femme Kathlyne sont confinés à la maison avec leur fillette de 6 ans. Le quotidien en famille est rythmé par les devoirs, le jardinage, la préparation de pâtisseries et le recyclage. « Nous avons préparé un planning journalier qui nous garde bien occupés, explique Nicolas. Nous n’avons pas le temps de nous ennuyer ! ». 

Nicolas est le fondateur de Keep The Pace, une entreprise qui se spécialise dans la randonnée et le trail à Maurice. Le lock down est donc pour lui l’occasion de prendre une pause et de se reposer, puisque son métier l’oblige à être constamment en mouvement. Mais pas question d’arrêter complètement le sport : chaque jour, lui et sa femme pratiquent une heure d’exercices. « Je profite du confinement pour faire du renforcement musculaire : étirements, exercices de souplesse, pompes, corde à sauter etc. Rester actifs, c’est bon pour le moral et le sommeil ! ».

Kurline

Kurline est un field worker pour ENL Foundation depuis 2019. Elle est aussi secrétaire du collectif Telfair En Marche, qui regroupe des bénévoles de la région. Depuis le début du confinement, le collectif identifie par téléphone les besoins des familles vulnérables et fait remonter les informations à ENL Foundation afin que des actions solidaires soient mises en place.

Confinée avec six membres de sa famille – dont sa nièce qui a tout juste 2 mois – Kurline avoue que les premières semaines étaient difficiles. Mais depuis, la famille s’est organisée : « Mon frère, ma maman et moi sommes ceux qui ont une rentrée d’argent, donc nous avons chacun pris nos responsabilités. Maman se charge d’acheter les produits réfrigérés, mon frère s’occupe du pain et des légumes et moi des aliments non-périssables. On a tout acheté en grand volume au début, mais à sept à la maison, les stocks diminuent très vite ! ». Comme beaucoup de foyers à Telfair, elle et sa famille ont dû cuire sur un feu de bois au début du confinement car le gaz n’était pas disponible.

L’organisation s’applique aussi au ménage, donc chacun s’occupe à tour de rôle. Le reste de la journée, place aux jeux en famille. « C’est l’amour et l’entraide qui me donnent du courage. Parfois maman, qui est Rodriguaise, revisite ses plats, on joue aux cartes… Ce confinement, c’est le moment de passer du temps en famille ».

Kitty Philips

Depuis le début du confinement, Kitty est « 24/7 » avec son fils de 7 ans. La pâtissière, qui travaille à son compte, s’est vue annuler ses commandes – une aubaine qui lui permet de se consacrer à sa famille pendant le confinement.

Julien, le mari de Kitty, se rend chaque jour à l’hôtel dont il est le directeur. « Je salue son courage et le courage de toute son équipe. D’ailleurs, une anecdote m’a beaucoup touchée : alors que la file d’attente devant le supermarché d’Ebène s’étirait jusqu’à l’hôtel sous un soleil de plomb, les équipes n’ont pas hésité à sortir pour distribuer de l’eau aux personnes qui attendaient ». 

Pour Kitty, être coupée du monde n’est pas difficile puisqu’elle a l’habitude de travailler de chez elle. Mais si tout gérer seule est plaisant, c’est aussi fatigant : « Je m’occupe de la maison, du jardin, des chiens et des repas. Heureusement que mon fils m’aide beaucoup : la vaisselle, c’est son dada ! Le confinement m’a donné l’occasion de créer du contenu pour ma page Instagram et de partager des recettes avec les personnes qui me suivent. ». Kitty s’inquiète toutefois pour la reprise – elle qui a lancé son entreprise Madame Macaron à peine un mois avant le confinement. « Nous, les Mauriciens, nous allons plus que jamais devoir être courageux et bosseurs face à la crise qui nous attend. Nous y arriverons, je n’en ai aucun doute. La débrouillardise, c’est dans notre ADN. Je crois en nous ! ».

Johanna Steciuk

Johanna et Damien ont deux enfants de 5 et 7 ans. « Rien qu’avec eux, le confinement c’est du costaud ! », remarque Johanna en riant. La mère de famille est éducatrice de maternelle, et l’établissement scolaire où elle travaille a mis en place une continuité d’apprentissage – ce qui signifie qu’elle garde contact avec ses élèves. « À la maison, nous fonctionnons autour d’un emploi du temps qui reste très flexible, vu que les jours ne se ressemblent pas. Cela m’aide à organiser la famille, la maison, et à m’organiser moi-même car on peut vite se laisser déborder ».

L’époux de Johanna est médecin et continue à travailler, et donc à voir des patients – un risque même si toute la famille prend les précautions recommandées. « Pour l’instant, nous vivons au jour le jour. Comme nous habitons dans un morcellement, j’ai la chance de pouvoir sortir marcher ou courir avec mes chiens. Ces moments en plein-air m’aident vraiment à évacuer ! ».