Recyclage et tri des déchets, potager et jardin médicinal, actions de sensibilisation… Les écoles de la région de Moka et Saint Pierre inscrivent l’écologie et le développement durable au cœur de leurs enseignements. À l’École du Centre, au St Pierre RCA et au Lycée des Mascareignes, où nous nous sommes rendus, les projets foisonnent.

Le potager comme outil pédagogique

Au Lycée des Mascareignes (LDM), un potager bio a vu le jour en début d’année. Cette initiative découle d’un atelier auquel a participé une dizaine d’enseignants et du personnel de la vie scolaire. Animé par Aurore Rouzzi de Sensibio – une entreprise qui propose des formations en agriculture biologique -, cet atelier a permis aux participants de découvrir les techniques de permaculture et l’aménagement d’un potager. Installé sur 40 m2, ce potager évoluera pour atteindre 100 m2. Le compost est issu des déchets produits par les étudiants ainsi que du paillage du gazon et des branches broyées de la cour de l’établissement. Ce dernier sera par la suite utilisé comme engrais naturel.

Au final, l’objectif est d’intégrer le potager dans la vie de l’école et de l’utiliser comme un outil pédagogique. « Il existe plusieurs applications pratiques possibles dans différentes filières. Les scientifiques pourront faire des tests physico-chimiques sur les sols alors que les élèves en gestion pourront s’occuper de la vente et de la communication des produits de ce potager », explique Frédéric Lagourgue, enseignant de sciences physiques. Outre les étudiants, le lycée travaille avec le collectif Moka’mwad afin de mettre son potager à la disposition des habitants de la région dans le cadre d’un projet pédagogique.

Retour à la terre

Certifiée Eco-School, le St Pierre RCA est un établissement atypique. L’école possède un jardin médicinal, un espace avec des arbres endémiques, une pépinière sous serre ainsi qu’un potager bio avec des légumes cultivés en bacs. Plusieurs projets mettent à contribution les élèves de différentes classes. Une fois par semaine, ils s’affairent à désherber et à ensemencer la pépinière. Pour mettre en place ces projets, l’école a bénéficié de l’aide de nombreuses organisations, dont la Commission de l’Océan Indien, le Mouvement pour l’Autosuffisance Alimentaire ou encore Le Vélo Vert.

« Nous avons un comité écologique qui se réunit pour allouer à chaque classe un projet spécifique pour l’année, explique Rosabi Boodoo, assistante-maîtresse d’école. Pour les enfants, c’est une autre manière d’apprendre. » À travers ces nombreux projets, les élèves découvrent différentes techniques agricoles, comme la culture verticale en utilisant un mur d’enceinte.

Le plastique : réduction et recyclage

Sensibilisés aux dégâts du plastique sur les écosystèmes, les étudiants savent désormais la nécessité de faire le tri des déchets. Au St Pierre RCA, chaque classe dispose de deux poubelles : une pour le papier, une autre pour les autres déchets. Dans la cour, une poubelle pour les bouteilles en plastique est vidée régulièrement par l’ONG Mission Verte, alors que les pelures et autres déchets organiques sont récupérés pour le compostage.

Au LDM et à l’École du Centre, d’autres mesures ont été prises pour réduire l’utilisation du plastique, comme des fontaines à eau permettant aux élèves de remplir leurs gourdes. De même, à la cantine, les couverts en plastiques ont disparu tout comme les boîtes en polystyrène. Depuis, les élèves déposent leurs contenants réutilisables à la cantine.

Sensibiliser et mobiliser

 Au LDM, un Club Environnement a été créé l’année dernière. « L’objectif est de changer les choses à l’échelle de notre lycée », partage Manon Lacmant, porte-parole de ce club. Comptant actuellement une trentaine de membres, ce club organise de nombreuses initiatives de sensibilisation auprès des élèves, et coordonne certaines activités avec les étudiants du Lycée La Bourdonnais.

En novembre 2018, une opération conjointe de nettoyage dans la région de Mare aux Vacoas, dans le cadre de la Semaine des lycées français du monde, a été organisée. Durant le même mois, une fresque a été peinte sur un mur de l’école, où tous les élèves ont apposé leurs mains. Cette initiative de Joana et d’Alizée, deux étudiantes en terminale, avait pour but de sensibiliser leurs camarades sur la protection des écosystèmes marins. « Le développement durable est devenu un sujet de conversation, que ce soit dans l’école ou à la maison », constate Alizée Avrillon.

Des élèves impliqués

À l’École du Centre, le Club Environnement vient tout juste d’être lancé. Le 11 mars dernier, des élèves de différentes classes ont fait un état des lieux des initiatives mises en place dans leur école et réfléchi aux projets à entreprendre autour de trois axes : l’alimentation raisonnée, la biodiversité et le tri des déchets. « Un comité de pilotage, réunissant enseignants, élèves et parents, a été mis en place », explique Florence Dumée-Duval, enseignante de Mathématiques.

Avril verra naître des travaux pour doter l’établissement d’un potager. En mars, un groupe d’élèves de 3e a participé à la marche pour le climat dans les rues de Port Louis. Alors que le département d’anglais a mené plusieurs initiatives dans le cadre d’un projet autour de la flore et de la faune mauricienne. Les élèves ont visité la réserve d’Ebony Forest à Chamarel et accueilli Vincent Florens, professeur en biodiversité de l’université de Maurice, qui leur a expliqué la fragilité des écosystèmes. L’idée de ce projet est de créer un jardin de plantes endémiques.

« Be the change you want to see in the world », disait Gandhi. Ces écoles l’ont bien compris et arment la génération de demain avec des outils et un savoir-faire concrets pour face aux enjeux climatiques qui guettent.