Eureka, la maison Créole : l’histoire vivante de Moka

Petit tour d’histoire

Construite autour de 1836, cette maison typique de l’architecture créole se fait le relai de l’histoire de la région. Si elle appartenait, à l’origine, à Sir Henri Leclézio, elle suit sa descendance, et leurs fortunes dans l’industrie sucrière, avant de connaître bien des tribulations. Eureka fut témoin de romances, de très nombreuses naissances, de disputes, de successions, victime de cyclones et de la menace de disparition pour céder sa place à d’autres constructions…  

Mais la maison Créole est, avant tout, l’emblème de la reconstruction, car cette partie du patrimoine mauricien et mokassien sait rendre amoureux celles et ceux qui œuvrent sans relâche à la conserver ! Elle renaît, à partir de 1986, entre les mains de Jacques de Maroussem, et maintenant, celles de ses fils, Guillaume et Antoine de Maroussem, descendants des mêmes Leclézio qui habitaient ces lieux des siècles durant. 

Plus qu’un musée, un lieu de vie

« L’histoire de cette maison fait que nous œuvrons passionnément à la conserver. Les travaux n’en finissent pas, mais ils attestent d’autant plus de son vécu et de l’histoire qu’elle abrite », confie Antoine de Maroussem. Ce domaine – qui inclut maintenant la maison principale, ses dépendances, un pavillon, un magnifique jardin et de belles cascades – s’articulait, à l’origine, sur plusieurs hectares, étant, des années durant, le lieu de vie des propriétaires et de leur famille étendue. 

Désormais, la maison Créole condense, en quelques mètres carrés, plusieurs époques et la vie des premières générations de Mokassiens. Elle est donc bien plus qu’une collection d’objets provenant de part et d’autre, car l’on y trouve les objets du quotidien de figures historiques telles que Sir Henri Le Clézio, qui remontent jusqu’au 17ème siècle ! 

Ces objets d’origines diverses sont non sans rappeler le melting pot qu’est Maurice. Dans le salon, les meubles de la Compagnie des Indes et le piano de concert rappellent les origines françaises de la famille, tandis que dans la salle à manger, la porcelaine française peinte en Chine, la rencontre des cultures qui crée d’uniques objets d’art… Comme une transition avant d’entrer dans le salon chinois qui dénote l’éternelle fascination pour l’orient et le voyage. 

Des anecdotes surprenantes

Eureka est également le lieu de rencontres marquantes, notamment où quatre générations de Leclézio ont reçu quatre générations de la famille royale d’Angleterre. L’anecdote la plus comique et trépidante ? Lorsque son Altesse Royale, le Prince Andrew, alors duc d’York, vient en visite, et qu’au moment de lui remettre son cadeau, un album en cuir bleu avec une inscription en lettres d’or lit « To the Duck and Duchess of York ». Une erreur promptement identifiée et rectifiée dont le couple royal n’aura rien su, mais dont l’album en question porte encore la subtile marque d’un « k » déplacé et d’un « e » ajouté. 

Tout un domaine

Si la maison Créole raconte et partage des siècles d’histoire, il ne faut pas oublier qu’elle fait toujours partie d’un domaine. Son jardin, abritant des dizaines de plantes exotiques et endémiques témoigne, lui, de l’émerveillement de l’époque pour la botanique, formant un tableau emblématique qui vaudra la tournure romanesque de J.M.G. Le Clézio, « Eureka, dans son écrin de verdure ». Il inspire, depuis, les incontournables aquarelles, lithographies et autres croquis de la maison Créole, posée au cœur du jardin, avec pour toile de fond la montagne du Pouce, et un ciel souvent azuré. 

Que faire à Eureka ?

Il y a, tout d’abord, les visites, qui vous ouvriront les 109 portes et fenêtres de la demeure, ses objets et tableaux, ses jardins, et peut-être même, certains de ses secrets. 

Vous pourrez aussi prendre place en terrasse pour déguster le savoureux menu mauricien du jour, avec une vue imprenable sur le jardin exotique et, au loin, le ravin. 

Enfin, les combles de la maison Créole accueillent également des conférences. L’on peut admirer, des fenêtres, toute la splendeur de la nature environnante. 

L’histoire a de l’avenir

Symbole de résilience et d’adaptation, Eureka se tourne vers le futur avec de nouveaux projets sous la houlette de ses directeurs, Guillaume et Antoine de Maroussem… Un futur qui fleure bon les herbes médicinales, la vanille et le rhum arrangé.